35 années de recherche et de spiritualité. Congrès international des Analecta Cartusiana

Robert BINDEL (red.), 35 années de recherche et de spiritualité. Congrès international des Analecta Cartusiana du 23 au 26 juin 2005, Chartreuse de Molsheim - France. Salzburg, Instiut für Anglistik und Amerikanistik, 2007. 30 x 21 cm, 355 p., ill. (= Analecta Cartusiana, 253). ISBN 978-3-900033-88-0.

Recensent: Frans HENDRICKX
Publicatie: Revue d'histoire ecclésiastique, (104) 2009, 354-356
Datum van plaatsing: 01.03.2009
Adres recensent: frans.pm.hendrickx@gmail.com

D’après le titre on s’attend à un aperçu de recherches cartusiennens pendant 35 années, particulièrement au niveau de la spiritualité. Rien n’est moins vrai. Seul le premier article de James HOGG, 35 Years of the Analecta Cartusiana, p. 5-10, soulige d’une façon autobiographique les grosses difficultés que le fondateur et rédacteur en chef de cette série a eues pour maintenir l’oeuvre de sa vie. Nathalie NABERT nous offre un très beau texte, Rites et paroles de la profession solennelle dans l’Ordre des Chartreux, p. 11-21: elle étudie l’origine de la formulation de la profession des chartreux, moines et frères mis sur un pied d’égalité, en la comparant avec les règles de S. Benoît, de Cluny et de Font-Avellane; elle met en évidence ‘la parole donnée’ et l’engagement devant Dieu et la communauté par les oraisons lors de la profession. Rafał WITKOWSKI donne dans son article Michael de Prague and his Three Treatises, p. 23-44, d’abord un aperçu historique de la chartreuse de Prague (1342-1419) et une brève bibliographie de Michel de Prague († 1401), profès de cette maison; suit alors une bonne biographie de ce religieux, puis une description des manuscrits de ses traités (Remedium abiecti prioris, De regimine principum, Dialogus de custodia virginitatis), dont il analyse le contenu; il termine en attirant l’attention sur l’influence réciproque de Michel de Prague et de la Dévotion moderne. La contribution de Michel CARLAT, Un profès de Molsheim prieur de Bonnefoy au XVIIe sècle: Gabriel Landonnet, p. 45-46, n’est qu’un résumé manuscrit d’une conférence, parce qu’il est décédé le 17 mars 2006 avant d’avoir pu faire parvenir son texte définitif. Giovanni LEONCINI, spécialiste de l’architecture cartusienne en Italie, nous fait part dans I campanili delle certose d’Italia, p. 47-70, de ses études des tours, cloches et horloges de plusieurs chartreuses italiennes; inutile de dire combien cette étude, ornée de nombreuses photos, sera la bienvenue dans les milieux artistiques et historiques. Le 17e siècle a connu à Molsheim l’essor de plusieurs instituts religieux: Louis SCHLAEFLI, Molsheim, métropole religieuse ou le ‘Grand siècle’ de Molsheim, p. 71-83, les décrit de façon très claire, successivement les chanoines du Grand Chapitre, les jésuites (collège, séminaire, académie, pastorale), les chartreux (bâtiments, bibliothèque, arts), les capucins (bâtiments, pastorale) et enfin le refuge des bénédictins. John CLARK, surtout connu pour ses recherches dans le cadre des actes des chapitres généraux cartusiens, témoigne également d’un grand intérêt pour l’histoire des chartreux anglais durant la première moitié du 16e siècle dans sa contribution The Martyrdom of St. Thomas More and the English Carthusians as recorded in London Guildhall Ms. 1231, p. 85-98; il compare ici le martyre de Thomas More, qui fut un grand ami des chartreux, à celui des chartreux londoniens, tels qu’ils sont racontés dans le manuscrit précité. L’article de Laurent BORNE, Pharmacopie, médecine et chirurgie chez les Chartreux français des XVIIe et XVIIIe siècles, p. 99-155, étudie les maladies, les malades et les médications dans les chartreuses françaises de ladite période; l’auteur présente un aperçu des soins donnés aux malades, des frères infirmiers, des médecins venant du dehors, des pharmacies à l’intérieur de la chartreuse, et accentue la valeur spirituelle et religieuse de la maladie. Francis TIMMERMANS s’occupe de Bernardus Truijts, de moine chartreux à chanoine régulier de l’Ordre de St Augustin, p. 157-187: il raconte l’histoire du passage de Bernard Truijts de la chartreuse de Bruxelles à l’abbaye de St-Jacques sur Coudenberg d’après de nombreux documents contemporains témoignant des difficultés que Truijts a connues pour réaliser cette transition qui s’est faite en 1768/69; la raison principale citée par le chartreux est l’état de sa santé. Raymond KELLER décrit avec bien des dessins et plans les travaux faits à La reconstruction des voûtes du cloître par les Bénévoles du Chantier de la chartreuse de Molsheim, p. 189-202; les travaux, dont le résultat est de toute beauté, avaient commencé en 1998 et se sont terminés en 2004. Pour le reste je passe sur quelques autres contributions traitant des recherches archéologiques sur la chartreuse de Gosnay (p. 203-216); de l’écrit De institutione inclusarum du cistercien Aelred de Rievaulx dans la tradition anglaise produisant des règles pour des ermites (p. 217-229); des armoiries de la chartreuse de Molsheim (p. 231-240); de la prière dans les écrits d’Adam Scott, prémontré de Dryburgh devenu chartreux de Witham (p. 241-258); du diplomate François de Busleyden, donateur aux chartreuses de Scheut et de Louvain (rédigé dans un texte difficile à lire et à apprécier, p. 259-269); de la différence entre sermo et collatio aux chapitres généraux cartusiens (p. 271-343); de la fin des chartreuses de Fankfurt s. Oder et de Rostock (p. 345-355).
Finalement, je dois remarquer une négligence. Jan De Grauwe, le grand connaisseur des chartreuses belges, a tenu une conférence à Molsheim sur le sort des chartreux belges entre 1783 (suppression des chartreuses par l’empereur Joseph II) et 1796 (fin définitive des ces maisons par l’invasion française). Il n’y a aucune trace ni du résumé ni de la conférence elle-même dans les actes de ce beau congrès. Pourtant l’auteur a remis son texte à la rédaction de ce recueil. Que s’est-il passé? Étonnant!